Précarité énergétique estivale en France : appel à renforcer les mesures législatives et réglementaires - 18/07/2023

Plus de la moitié des résidents français ont enduré des conditions de chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures en 2022, selon une récente étude de la Fondation Abbé-Pierre. Cette situation a conduit à l'émergence d'une nouvelle forme de mal-logement, connue sous le nom de précarité énergétique estivale, qui nécessite des mesures législatives et réglementaires renforcées pour y remédier. L'étude souligne que les "passoires thermiques" qui sont impossibles à chauffer en hiver deviennent des "bouilloires énergétiques" impossibles à rafraîchir en été, affectant ainsi les conditions de vie des résidents.

 

Ce phénomène est exacerbé par le réchauffement climatique et l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur. L’étude rapporte qu’en juin 2022, 69% des Français souffraient de températures excessives dans leur logement lors des périodes les plus chaudes. Les personnes les plus touchées par la précarité énergétique estivale sont les personnes les plus précaires vivant dans des appartements situés en milieu urbain, les jeunes adultes et les personnes âgées.

 

Les conséquences de cette situation sont à la fois économiques et sanitaires. Comme pour la précarité énergétique hivernale, cela a des répercussions sur la santé, la société, l'économie et l'environnement. Les efforts déployés pour se rafraîchir, tels que les douches ou les appareils de climatisation, peuvent entraîner une augmentation des factures d'eau et d'énergie. De plus, la climatisation est considérée comme une solution inefficace tant sur le plan économique qu'écologique. 

 

La Fondation Abbé-Pierre dénonce un cadre législatif et réglementaire insuffisant pour faire face à cette problématique. Bien qu'un indicateur appelé "degré-heure" ait été créé dans le cadre de la réglementation environnementale RE2020 pour évaluer l'inconfort estival, il ne s'applique qu'aux nouvelles constructions. Pour le parc immobilier existant, le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) devrait idéalement fournir une évaluation du confort d'été et des recommandations de travaux, mais cette évaluation n'a pas d'impact sur la note globale du DPE, ce qui limite son efficacité. 

 

La Fondation Abbé-Pierre propose plusieurs solutions pour remédier à cette situation. Elle propose entre autres l'adoption de l'architecture bioclimatique, la végétalisation des villes, ainsi que des aides visant à faire face aux surcoûts énergétiques liés au refroidissement. Elle préconise également une meilleure prise en compte de la notion de confort d'été dans la législation française.